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Pedro Carrega, pour sa prisonnière, oublia la querelle de don Carlos et de la République.

La femme, qui avait peur, lui jura d’ailleurs qu’elle adorait le rey neto. Elle lui prouva qu’elle ne détestait pas les caresses parfumées à la poudre de guerre et que Pedro Carrega était sinon le plus beau des mortels, du moins le plus choyé des vainqueurs, entre les grosses masses de pierre du chaos de Mallorta.

Les deux bras de la prisonnière enserraient encore d’un collier presque mordoré le cou halé de Carrega, quand Joaquin Martinez vint prendre sa faction.

— Eh ! doucement, fit-il, part à deux, señor caballero. Les nuits sont fraîches. Il n’est pas bon de dormir sans manteau, camarade. Je vois que tu es homme de précaution : pavillon de cheveux, pour mouchoir de cou des bras tièdes et couverture de chair molle. À mon tour, l’ami !

Carrega se leva et poussant derrière lui sa prisonnière :

— Ton tour, freluquet. Où règne Carrega,