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Alors la grêle cessa de danser sur la tête du géant et le vent du Nord de rugir. Un délicieux parfum arriva à lui à travers la croisée ouverte.

— Je crois qu’enfin le printemps est venu, dit le géant.

Et il sauta du lit et regarda.

Que vit-il ?

Il vit un spectacle étrange.

Par une petite brèche dans la muraille, les enfants s’étaient glissés dans le jardin et s’étaient juchés sur les branches des arbres. Sur tous les arbres qu’il pouvait voir, il y avait un petit enfant et les arbres étaient si heureux de porter de nouveau des enfants qu’ils s’étaient couverts de fleurs et qu’ils agitaient gracieusement leurs bras sur la tête des enfants.

Les oiseaux voletaient de l’un à l’autre et gazouillaient avec délices et les fleurs dressaient leurs têtes dans l’herbe verte et riaient.

C’était un joli tableau.

Dans un seul coin, c’était encore l’hiver, dans le coin le plus éloigné du jardin.