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merveilleuse, pétale après pétale, comme une chanson suivait une chanson.

D’abord, elle était pâle comme la brume qui flotte sur la rivière, pâle comme les pieds du matin et argentée comme les ailes de l’aurore.

La rose, qui fleurissait sur la plus haute ramille du rosier, semblait l’ombre d’une rose dans un miroir d’argent, l’ombre d’une rose dans un lac.

Mais le rosier cria au rossignol de se presser plus étroitement contre les épines.

— Pressez-vous plus étroitement, petit rossignol, disait le rosier, ou le jour reviendra avant que la rose ne soit terminée.

Alors le rossignol se pressa plus étroitement contre les épines et son chant coula plus éclatant, car il chantait comment éclot la passion dans l’âme de l’homme et d’une vierge.

Et une délicate rougeur parut sur les pétales de la rose comme rougit le visage d’un fiancé qui baise les lèvres de sa fiancée.

Mais les épines n’avaient pas encore atteint le cœur du rossignol, aussi le cœur de