Page:Wilde - Le Crime de Lord Arthur Savile, trad. Savine, 1905.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du Prince et lui conta des récits de ce qu’elle avait vu dans des pays étranges.

Elle lui parla d’ibis rouges qui se tiennent, en longues rangées, sur les rives du Nil et pêchent à coups de bec des poissons d’or, du Sphinx qui est aussi vieux que le monde, vit dans le désert et connaît toutes choses ; des marchands qui marchent lentement près de leurs chameaux et roulent des chapelets d’ambre dans leurs mains ; du roi des montagnes de la Lune, qui est noir comme l’ébène et adore un grand bloc de cristal ; du grand serpent vert qui dort dans un palmier et que vingt prêtres sont chargés de nourrir de gâteaux de miel ; et des pygmées qui naviguent sur un grand lac sur de larges feuilles plates et sont toujours en guerre avec les papillons.

— Chère petite Hirondelle, dit le Prince, vous me dites de merveilleuses choses, mais plus merveilleux est ce que supportent les hommes et les femmes. Il n’y a pas de mystère aussi grand que la misère. Vole par ma ville, petite Hirondelle, et dis-moi ce que tu y vois.

Alors la petite Hirondelle vola par la grande