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— À quoi sert une statue, si elle ne garantit pas de la pluie, fit l’Hirondelle. Je vais chercher un bon auvent de cheminée.

Et elle se décidait à prendre son vol plus loin.

Mais avant qu’elle n’ouvrît ses ailes, une troisième goutte tomba.

L’Hirondelle regarda au-dessus d’elle et elle vit…

Ah ! que vit-elle ?

Les yeux du Prince Heureux étaient pleins de larmes, et les larmes coulaient sur ses joues d’or.

Son visage était si beau au clair de lune, que la petite Hirondelle se sentit envahie par la pitié.

— Qui êtes-vous ? dit-elle.

— Je suis le Prince Heureux.

— Alors, pourquoi pleurnichez-vous comme cela ? demanda l’Hirondelle. Vous m’avez presque trempée.

— Quand j’étais vivant et que j’avais un cœur d’homme, répliqua la statue, je ne savais pas ce que c’était que les larmes, car je