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trois étages et qu’il porte un anneau d’or à son petit doigt.

— Mais ne pourrions-nous engager le petit Hans à venir ici ? interrogeait le jeune fils du fermier. Si le pauvre Hans a des ennuis, je lui donnerai la moitié de ma soupe et je lui montrerai mes lapins blancs.

— Quel niais vous êtes ! s’écria le meunier. Je ne sais vraiment pas à quoi il sert de vous envoyer à l’école. Vous semblez n’y rien apprendre. Parbleu ! si le petit Hans venait ici, s’il voyait notre bon feu, notre excellent souper et notre grosse barrique de vin rouge, il pourrait devenir envieux. Or l’envie est une bien terrible chose et qui gâterait les meilleurs caractères. Certes je ne souffrirai pas que le caractère d’Hans soit gâté. Je suis son meilleur ami et je veillerai toujours sur lui et aurai soin qu’il ne soit exposé à aucune tentation. En outre, si Hans venait ici, il pourrait me demander de lui donner un peu de farine à crédit, et cela je ne puis le faire. La farine est une chose et l’amitié en est une autre, et elles ne doivent pas être confondues.