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INITIATION MUSICALE

notre ère, on songeait déjà à perfectionner cette soufflerie ; la pression du vent s’obtenait alors l’intrusion de l’eau, de là le nom d’hydraulis donné à l’orgue. Vitruve, qui dédie à Auguste son Traité d’architecture, fait de l’instrument une description détaillée, mais malheureusement un peu confuse : en vain, à dix-sept siècles de distance, son confrère, Claude Perrault, s’efforcera-t-il de l’éclaircir.

Néron, Héliogabale, Alexandre Sévère, jouaient de l’orgue, instrument aussi populaire alors, chez les Romains, qu’actuellement le piano à Paris.

« Écoutez cet ensemble de sons formant de si agréables modulations ; voyez la multitude de ces tuyaux rangés comme une armée en bataille[1]… » (Pétrone).

« Un artiste habile, aux doigts véloces, dirige ces soupapes adaptées aux tuyaux qui, ébranlées doucement sous l’action des touches, exhalent une tendre cantilène » (Julien l’Apostat).

À l’empereur Constantin, un poète du IVe siècle, Porphyre Optatien, adresse une pièce de vingt-six vers iambiques figurant les vingt-six touches du clavier, pendant qu’un hexamètre, placé horizontalement sur le papyrus, représente le sommier sur lequel sont fixés les vingt-six tuyaux.

D’autre part, cette critique d’un grincheux :

« Toute occupation intellectuelle est abandonnée pour des frivolités musicales ; au lieu de professeurs d’éloquence, des maîtres des arts d’amusement. On mure les bibliothèques comme des tombeaux ; l’art ne s’ingénie qu’à fabriquer des instruments

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  1. Pétrone attribue l’idée première de l’orgue au génie d’Archimède et, plus tard, sa construction à Ctesibius, mécanicien célèbre d’Alexandrie (250 ans avant notre ère).