Page:Widor - Initiation musicale.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
APPENDICE

la matière[1], avec une connaissance toute particulière des pays d’Asie et d’Afrique, M. Rodolphe d’Erlanger s’est voué à l’étude de l’art arabe. Son livre explique les règles de cet art, leur origine, leur histoire, leur application.

« Le premier instrument dont on retrouve le type dans l’Afrique centrale, dit-il, se composait de trois cordes : tonique, quarte, octave. Serait-ce la lyre d’Orphée ?

« La première gamme complète, ne comprenant que six degrés, do, ré, la, sol, la, do, c’est la gamme des peuples qui, de mémoire d’homme, n’ont pas évolué, celle qui a donné naissance à toutes les autres et qui est encore en honneur chez certains peuples d’Orient. Les Hébreux des pays Barbaresques (Tripolitaine, Tunisie, Maroc) modulent d’après elle, aujourd’hui comme jadis, la déclamation des premiers livres de la Bible — jusqu’à la mort de Moïse. — Serait-ce une tradition remontant à l’époque des Pharaons, un souvenir de l’Égypte ? Serait-ce une épave de cet art qu’allaient étudier, à Memphis ou à Thèbes, les philosophes de l’Hellade ? »

Ils voyageaient beaucoup les philosophes, autant et peut-être plus facilement que nous. Quelques tablettes et un stylet pour noter leurs impressions, voilà tout le bagage[2]. L’itinéraire commençait habi-

(149)
  1. Parmi ces ouvrages, nous citerons
    Villoteau, Description de l’Égypte.
    Kosegarden, Ali Ispahanensis Liber cantilenarum.
    Carra de Vaux, Traité des rapports musicaux de Sali el-Din.
    Dechevrens, Étude sur la science musicale.
    Collangettes, Étude sur la musique arabe.
  2. Pas plus qu’aujourd’hui cependant on ne voyageait sans passeports, sans visites à la douane, témoin la jolie légende hébraïque de Jacob.
    xxxxTrès jaloux de la beauté de sa femme, il l’avait enfermée dans une caisse : « Qu’avez-vous à déclarer ? — Rien.