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INITIATION MUSICALE

fiance sereine, quiétude, etc. Chacun de ces états d’âme à sa formule définitive, son étiquette musicale[1].

Quant aux phrasés, nuancés, détachés desdites éditions, ils y sont généralement à contresens. Pour preuve, l’orchestre des cantates. Lisez et comparez. Vous y trouverez des articulations, des coups d’archet, des indications de tout genre qui vous révéleront la manière du maitre, sa pensée, son style.

Au clavecin, Bach jouait vite ; lentement à l’orgue où tout doit s’entendre. On joue plus vite chez soi qu’à Saint-Sulpice. Il savait par expérience que les « mouvements » dépendent du cube de la salle.

Impeccable son legato, en dépit de la petitesse de sa main. Remarquons à ce propos que la touche d’alors était de quelques millimètres plus étroite que la nôtre.

Si l’on veut se faire une idée de l’ordre, de la précision, de la solidité de ce cerveau, il faut feuilleter le manuscrit de la Messe en si mineur, à la bibliothèque de Berlin. Tout y est en place, les rondes bien rondes, les noires bien noires, les perpendiculaires de mesure tracées comme à la règle, les valeurs, les silences observés au plus juste.

Quant aux manuscrits du Clavecin bien tempéré, ils méritent un prix de calligraphie.

Bach était son propre copiste pour répondre au désir des riches amateurs, et la gravure de musique était alors peu pratiquée.

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  1. Schweitzer, Bach, le musicien poète (Breitkopf et Härtel, édit.).
    xxAndré Pirro, L’orgue de Bach (Flschbacher, edit.).