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reçu très aimablement, et que Frome m’avait dressé un lit dans une pièces du rez-de-chaussée, laquelle paraissait avoir servi, autrefois, de bureau ou cabinet de travail.

— Évidemment, reprit Mrs. Hale, il se sera rendu compte que par un temps pareil il ne pouvait faire moins… Mais c’est égal, ça a dû lui coûter ! Vous êtes sans doute le seul étranger qui ait mis les pieds dans cette maison depuis vingt ans. Le pauvre homme est fier, et il ne veut plus y admettre même ses plus vieux amis. Je crois bien que le docteur et moi nous sommes les seuls à y être encore reçus…

— Vous y allez encore, mistress Hale ? risquai-je.

— J’y allais souvent après l’accident, dans les premières années de mon mariage ; mais au bout de quelque temps j’eus l’impression que mes visites les rendaient plus malheureux. Puis les années passèrent, et j’eus moi-même des soucis… Cependant, j’y vais encore à l’approche du nouvel an, et aussi une fois pendant l’été. Mais je tâche autant que possible de choisit un jour où Ethan est absent. C’est déjà assez pénible de voir les deux femmes assises l’une en face de l’autre… mais sa figure à lui, quand il regarde sa maison délabrée, me fend l’âme !… C’est que, voyez-vous, mes souvenirs remontent à l’époque où sa mère vivait encore, avant tous les chagrins…