Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mattie ne bougeait pas, mais lorsqu’ils arrivèrent au tournant de la pente, là où le gros orme avançait son tronc menaçant, Ethan eut l’impression qu’elle se serrait davantage contre lui.

— N’ayez pas peur, Mattie, cria-t-il avec un accent de triomphe, au moment où ils dépassaient le tournant dangereux et prenaient leur élan pour la deuxième pente.

Lorsqu’ils se trouvèrent au bas de la côte, la vitesse du traîneau se ralentit, et il entendit le petit rire joyeux de Mattie.

Ils se mirent à remonter la côte à pied. Ethan, traînant la luge derrière lui, glissa son bras sous celui de Mattie.

— Aviez-vous peur que je vous envoie contre l’orme ? demanda-t-il avec un joyeux rire de gosse.

— Vous savez bien que je n’ai jamais peur avec vous, répondit-elle.

L’étrange exaltation d’Ethan détermina un de ses rares mouvements de fanfaronnade.

— C’est tout de même un endroit dangereux, reprit-il. Le moindre écart et nous étions fichus. Mais heureusement je sais mesurer les distances à une épaisseur de cheveu près. Je l’ai toujours su.

Elle murmura :

— J’ai toujours dit que vous aviez l’œil le plus sûr.