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de pin bleuissantes, à moitié enfouies dans cette blancheur immaculée, s’en détachaient avec le dur relief d’ornements de bronze.

Ethan conduisait en silence, poussant le cheval vers un endroit où les sapins s’espaçaient ; puis il arrêta le traîneau et fit descendre Mattie.

Tous deux se mirent à marcher entre les troncs aromatiques. La neige durcie craquait sous leurs pas. Ils atteignirent enfin un étang aux rives escarpées et revêtues d’arbres. Une colline abrupte, dressée contre le soleil couchant, allongeait une ombre conique sur la surface gelée de l’eau : cette ombre avait donné son nom à l’étang. C’était un endroit sauvage et retiré, d’où se dégageait une mélancolie morne semblable à celle qui oppressait le cœur d’Ethan.

Parcourant du regard la rive caillouteuse, il découvrit un tronc d’arbre abattu, à moitié enseveli dans la neige.

— C’est ici que nous étions assis le jour du pique-nique, lui rappela-t-il.

Il s’agissait d’une des rares parties de plaisir auxquelles les deux jeunes gens avaient participé, d’un pique-nique organisé par leur paroisse et qui, durant une longue après-midi d’été, avait rempli d’une animation bruyante le petit bois isolé.

Mattie avait prié Frome de l’accompagner et il