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— Je vais venir tout de suite allumer le feu de la cuisine.

Ils allèrent ensemble à la cuisine, et Ethan apporta le petit bois et le charbon ; puis il nettoya le fourneau. Pendant ce temps, Mattie mettait sur la table le pot de lait et les restes froids du pâté.

Lorsque la chaleur commença à monter du poêle et que le premier rayon de soleil s’allongea sur le plancher de la cuisine, les sombres pensées d’Ethan se dissipèrent dans la tiédeur environnante. La vue de Mattie, vaquant à sa besogne comme il la voyait faire tous les matins, l’empêchait de croire qu’elle pût jamais cesser de partager sa vie. Il se disait qu’il avait sans doute exagéré la portée des menaces de Zeena et qu’elle-même, avec le jour, deviendrait plus accessible à la raison.

Se dirigeant vers Mattie, qui était penchée au-dessus du fourneau, il posa la main sur son bras :

— Il ne faut pas vous tourmenter, vous non plus, dit-il, la regardant dans les yeux avec un sourire.

Elle devint toute rouge et murmura :

— Non, Ethan, je ne me tourmenterai pas…

— Les choses s’arrangeront…

Un rapide battement des paupières fut la seule réponse qu’elle lui fit… Il continua :

— Elle n’a rien dit, ce matin ?