Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous savez que je n’ai pas l’argent nécessaire pour payer une servante, Zeena. Il faudra la renvoyer. Je ne peux pas assumer cette charge.

— Le docteur Buck m’a dit que je n’y résisterai pas, si je continue à me tuer de travail. Il ne comprend même pas comment j’ai pu supporter une pareille vie jusqu’à présent.

— Vous tuer de travail ?…

Il se maîtrisa, et reprit :

— Soit ; vous ne travaillerez pas, puisqu’il vous l’a défendu. Je ferai moi-même l’ouvrage de la maison.

Elle l’interrompit avec aigreur :

— Vous négligez déjà assez la ferme…

C’était tellement vrai qu’il ne trouva rien à répondre.

Zeena profita de son silence pour continuer sur un ton ironique :

— Pourquoi ne vous débarrassez-vous pas de moi en m’envoyant à l’hospice ? Je ne serais sans doute pas la première de votre nom à y aller.

Il sursauta sous le sarcasme ; mais il le laissa passer et répéta d’une voix sourde :

— Je n’ai pas l’argent nécessaire pour payer une servante ; voilà qui règle la question.

Il y eut une accalmie dans la lutte, comme si les