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étagère du buffet sa blague à tabac, la mit dans sa poche et dit :

— Je pense pouvoir être de retour à midi.

— Bien, répondit-elle.

En s’éloignant, il l’entendit qui fredonnait une chanson.

Il avait l’intention, sitôt le traîneau chargé, de renvoyer Jotham à la ferme et de courir en toute hâte, à pied, chercher au village de la colle pour raccommoder le plat cassé. En temps ordinaire il n’eût eu aucune difficulté à mettre ce projet à exécution, mais ce matin-là tout conspirait à le mettre en retard. Pendant qu’il conduisait le traîneau vers le bois, l’un des chevaux glissa sur la glace et se blessa au genou. Lorsqu’on l’eut relevé, Jotham dut retourner à l’écurie chercher un chiffon pour bander la plaie. Enfin, au moment où l’on commençait à pouvoir charger, le grésil se remit à tomber, et les troncs d’arbres devinrent si glissants qu’on eut beaucoup de mal à les manœuvrer et à les placer sur le traîneau.

C’était un de ces matins que Jotham appelait « un fichu temps pour travailler ». Sous leurs couvertures humides, les chevaux, grelottant et frappant du sabot, semblaient partager cette opinion. Le travail ne fut achevé que bien après l’heure du dîner, et Ethan dut différer sa course à Starkfield, car il voulait ramener