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maladie de Sellers et des complications qu’elle entraînerait. Elle l’écouta avec une sympathie attentive, le conjurant de ne pas se laisser fatiguer par le travail supplémentaire, et lui posant quelques vagues questions de femme sur l’organisation de son bureau. Puis elle lui énuméra les détails de la journée de Lily, parla du médecin et de la garde, et lui nomma les personnes qui étaient venues prendre des nouvelles. Jamais il ne l’avait vue plus calme et plus sereine. La joie qu’elle lui témoignait d’être avec lui, joie si complète et si enfantine qu’elle lui contait les détails les plus insignifiants de sa journée, l’émut étrangement.

Après le dîner ils passèrent dans la bibliothèque, où le domestique apporta le café et les liqueurs, qu’il posa sur une table basse devant Alice. Elle paraissait tout particulièrement charmante et jeune dans sa robe rose pâle, qui se détachait sur le cuir de son grand fauteuil. Vingt-quatre heures plus tôt le contraste eût charmé Waythorn…

Il se retourna et choisit un cigare avec un soin affecté.

— Haskett est-il venu ? demanda-t-il en tournant le dos à sa femme.

— Oui, il est venu.

— Vous ne l’avez pas vu, naturellement ?