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vage, elle lui parut si faible et si épuisée que, lorsqu’ils eurent récité le Veni sancte et les psaumes propres, il la taxa d’excès dans la rigueur des pénitences. Mais elle répondit que sa faiblesse n’était point due à un abus de macérations ; mais bien de ce qu’elle avait rapporté de ses fatigues auprès des malades une lassitude corporelle qu’aggravait encore l’intempérie de la saison. Les pluies pernicieuses continuaient, tombant surtout pendant la nuit, tandis que durant le jour de chaudes vapeurs s’élevaient du sol. La lassitude envahit l’ermite à son tour, et à grand’peine se traînait-il jusqu’à la source où il s’approvisionnait d’eau potable. Il prit l’habitude de s’y rendre avant le chant du coq, aussitôt après avoir récité matines, car à cette heure la pluie cessait pour l’ordinaire, et une faible brise se faisait sentir. À cause de cette pluvieuse saison, le ruisseau n’avait pas tari, et au lieu de remplir goutte à goutte sa gourde au mince filet de la source, l’ermite l’allait faire d’un seul coup à la rive même. Et une fois, comme il descendait la pente abrupte du ravin, il entendit le taillis s’agiter et vit remuer le feuillage comme si quelqu’un s’y mouvait. Le bruit cessa en même temps que le mouvement des feuilles, mais l’ermite eut le cœur saisi, car il lui avait semblé entrevoir