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que mal de cette gent vagabonde, des mains de laquelle elle avait plus d’une fois reçu le vivre et le réconfort, tandis que son pire péril (ainsi qu’il l’apprit à sa honte) lui était venu de moines errants, qui sont la plaie et l’opprobre de la chrétienté. Ils vont traînant leur paresse et leur débauche de couvent en couvent, laissant sur leur passage un relent de rapine, de beuverie ou de pis encore. À une ou deux reprises, la femme sauvage avait failli tomber entre leurs mains, et ne s’était tirée d’affaire que grâce à sa présence d’esprit et à son habitude de la forêt. Une fois, assura-t-elle à l’ermite, elle avait trouvé gîte chez un faune et sa femelle, qui l’avaient nourrie et hébergée dans leur caverne, où elle avait couché sur un lit de feuillage, côte à côte avec leurs hirsutes petits. Et dans cette caverne elle avait vu un Terme, ou idole de bois, très dégradée et vétuste, devant laquelle les sylvains placèrent des guirlandes et le miel de l’abeille sauvage, lorsqu’ils crurent leur convive endormie.

Elle lui parla aussi d’un village de tisserands montagnards où elle avait passé plusieurs semaines, apprenant à participer à leurs travaux en échange de l’hospitalité reçue. Par ce hameau passaient des chemineaux, savetiers, charbonniers, chevriers, qui s’en venaient à mi-