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Mrs Stroud. Au fond de moi-même, j’avais, bien entendu, toujours senti qu’il n’avait pas son pareil, seulement j’avais suivi le courant, je m’étais fait l’écho des platitudes que l’on débitait sur lui dans le monde, et j’avais fini par croire que Stroud n’était qu’un « raté », un de ceux qui restent en arrière. Et sapristi ! il est resté en arrière, mais c’est parce qu’il devait demeurer ! Nous autres, nous avons dû nous laisser pousser en avant ou sombrer, mais Stroud était bien au-dessus du courant, il reposait sur des bases immuables, comme vous le disiez.

J’allai donc chez lui dans les meilleures dispositions. J’étais même attendri à la pensée émouvante qu’il aurait, après sa carrière manquée, la gloire posthume d’être peint par moi ! J’avais l’intention de faire le portrait gratuitement : je le dis à Mrs Stroud lorsqu’elle commença à bégayer quelque chose sur son peu de fortune. Je me vois encore lui répondant dans un élan superbe que l’honneur était pour moi. Oh ! j’étais généreux, mon cher Rickham ! Je posais pour moi-même comme si j’avais été mon propre modèle.

On me conduisit auprès du lit mortuaire, et on m’y laissa. J’avais envoyé d’avance tous mes accessoires et il ne me restait plus qu’à