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pas à se montrer aux soirées de la comtesse Gemma. Si Andrea ou Gemma se rendaient compte de la désapprobation de leurs aînés, ils avaient au moins l’habileté de feindre l’ignorer, car Roberto, riche et généreux, toujours prêt à payer leurs dettes, et qui paraissait être un célibataire endurci, était un personnage trop important pour qu’on le froissât ouvertement par des discussions politiques. Ils étaient persuadés que, si leur frère se mariait jamais, ce serait par dépit, et que leur avenir était assuré s’ils ne lui causaient aucun mécontentement. Je ne serai jamais qu’un simple paysan et je ne prétends pas avoir le don de discerner les mobiles secrets du cœur ; mais l’habitude de confesser donne à tout prêtre une certaine connaissance de l’âme humaine, et j’ai été surpris que la sagesse mondaine d’Andrea et de Gemma ne leur fît pas mieux comprendre le caractère de leur frère. Je savais pour ma part qu’aucune des passions de Roberto ne pouvait partir d’une impulsion mesquine, et j’étais persuadé que s’il aimait jamais une femme comme il aimait l’Italie, c’est de la patrie qu’il recevrait sa fiancée.

Vous avez vu, n’est-ce pas, par ces grands calmes qui, en automne, précèdent les orages, se détacher de temps en temps une feuille