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pour Leconte de Lisle, qu’un mouton ayant dérobé la défroque d’un lion ; Ponsard, un versificateur de province ; Autran, un barde marseillais ; Baudelaire, un farceur sinistre ; Bouilhet, le dernier débris du romantisme ; Silvestre, un poète pétulant, Bouchor, l’Homère des marionnettes et Mallarmé le Sphinx des Batignolles. Quant aux décadents, aux symbolistes, aux naturalistes, il les exécrait. Je l’ai entendu dire de Verlaine : « On en a fusillé qui ne l’ont pas autant mérité que cet animal-là ! » Il avait horreur de Zola et, après avoir lu la Terre, il criait : « C’est un goujat doublé d’un cuistre ! » Un autre jour, après la lecture de l’Argent, il s’écriait : « Quel dégoûtant animal ! — C’est un sanglier ! dit un ami. — Le croyez-vous sauvage ? » riposta Leconte de Lisle.

Il assistait parfois en curieux aux séances parlementaires et disait en sortant : « Ô Shakespeare ! que de paroles perdues ! » avec le même accent qu’il prenait pour dire, en nous montrant les rayons de la Bibliothèque chargés