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pas le poète Lacaussade, son collègue et son compatriote de l’île Bourbon, qu’il accusait, avec Victor Hugo, d’avoir, il y a bien longtemps, tué le Latournelle de Marion Delorme. Cependant, celui-ci, à son arrivée à Paris, avait été fort obligeant pour lui, l’aidant de sa bourse et de ses bons conseils. Je ne sais ce qui avait pu diviser ces deux hommes ; mais ils se détestaient. Chaque fois que Leconte de Lisle passait devant le bureau de Lacaussade, il murmurait entre ses dents : « Makoko ! Cocotier ! » Et l’autre répondait à mi-voix : « Bouffon solennel ! » Leur inimitié était devenue de la haine.

Leconte de Lisle n’aimait guère non plus le charmant poète Octave Lacroix, secrétaire-rédacteur du Sénat et, comme Lacaussade, ancien secrétaire de Sainte-Beuve. La cause de leurs divisions était, paraît-il, une réplique un peu trop hardie d’Octave Lacroix. Celui-ci avait demandé un jour à Leconte de Lisle pourquoi il n’avait révélé à personne le secret de la pension qu’il avait reçue de 1864 à 1870 sur la