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l’œuf de cristal

en pleurs et sa voix un peu épaisse. Elle revenait à l’instant même de Highgate. Son esprit était absorbé par ses projets d’avenir et les détails honorables des obsèques, mais M. Wace put cependant apprendre les circonstances de la mort de M. Cave. On l’avait trouvé dans sa boutique de très bonne heure, le matin du jour qui suivit sa dernière visite à M. Wace, mort avec l’œuf de cristal serré fortement dans ses mains froides et crispées. Sa figure était souriante, ajouta Mme Cave, et un morceau de velours noir était à ses pieds sur le parquet. Il était mort depuis au moins cinq ou six heures quand on le trouva.

Cette nouvelle fut grandement pénible pour M. Wace, et il s’adressa d’amers reproches pour avoir négligé les symptômes évidents de la maladie du vieillard. Mais sa principale inquiétude fut pour l’œuf de cristal. Il y fit quelques délicates allusions, car il connaissait les manies de Mme Cave, et il resta stupéfait d’apprendre qu’il était vendu.

Le premier mouvement de Mme Cave, aussitôt qu’on eut remonté dans sa chambre le corps de son mari, avait été d’écrire à ce toqué de clergyman qui avait offert une si forte somme pour le cristal, afin de l’informer qu’elle l’avait retrouvé. Mais après d’impétueuses recherches, auxquelles prit part sa fille, elle dut se convaincre de la perte de son adresse. Comme elle n’avait pas les moyens