Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
les pirates de la mer

pas ! Mais ce que ce peut bien être, bonté du ciel, qui peut me le dire ?

De tous côtés, rien n’était visible dans la blanche clarté qui éclairait le brouillard de poussière entraîné par la rafale hurlante ; seules, s’apercevaient vaguement de croulantes masses de terre et des monceaux de ruines chaotiques ; ni arbres, ni maisons, ni formes familières, seule une immense étendue bouleversée s’évanouissant enfin sous les colonnes et les nuages tourbillonnants, les éclairs et les roulements de tonnerre d’une tempête qui croissait violemment. Près de lui, sous la lueur livide, était quelque chose qui avait dû être un orme, une masse fracassée d’éclats de bois, mis en miettes des rameaux jusqu’au tronc, et plus loin une masse enchevêtrée de traverses de fer — trop évidemment ce devait être le viaduc — émergeait des ruines entassées confusément.

Comme vous le concevez, lorsque M. Fotheringay avait arrêté la rotation du globe solide, il n’avait rien stipulé quant aux objets mobiles de sa surface. Et la terre tourne si vite que sa surface à l’équateur chemine à une vitesse de plus d’un millier de milles à l’heure et dans nos latitudes à plus de la moitié de cette allure. De sorte que la petite ville, et M. Maydig, et M. Fotheringay, et tout le monde et toutes choses, avaient été lancés violemment en avant à une vitesse d’environ neuf milles par se-