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l’homme qui pouvait accomplir des miracles

M. Maydig lui saisit soudain le bras. Ses yeux étaient brillants et farouches.

— Mon cher ami, — dit-il, — rien ne presse. Regardez ! — Il indiqua du doigt la lune au zénith — Josué !

— Josué ? — questionna M. Fotheringay.

— Josué ! — répéta M. Maydig. — Pourquoi pas ? Arrêtez-la !

M. Fotheringay regarda la lune.

— C’est un peu gros, — remarqua-t-il, après une pause.

— Pourquoi pas ? — insista M. Maydig. — Certes, elle ne s’arrêtera pas. Vous arrêterez seulement la rotation de la terre, vous comprenez ? Le temps s’arrête. Ce n’est pas comme si nous faisions du mal.

— Hum ! — fit M. Fotheringay. — Eh bien ! — il soupira — je vais essayer. Allons !…

Il boutonna sa jaquette et, s’adressant au globe habitable en assumant tout ce qu’il put de confiance en son pouvoir :

— Arrête-toi de tourner, veux-tu ?

Immédiatement, il s’envola, la tête par-dessus les talons, à travers l’air, avec une vitesse de douzaines de milles à la minute. En dépit des innombrables cercles qu’il décrivait par seconde, il pensa ; car la pensée est merveilleuse — parfois aussi lente que du goudron qui coule, quelquefois aussi ins-