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les pirates de la mer

avait que le gros de la troupe ait entendu notre fusillade, et nous tâchions de supputer à quel moment ils remarqueraient notre retard, et mille autres choses. Mais nous nous desséchions réellement à mesure que les heures passaient. Les cipayes jouèrent entre eux avec des cailloux, puis racontèrent des histoires. La nuit fut assez froide. Le second jour personne ne parla. Nos lèvres étaient noires et nos gosiers en feu : et nous restions étendus sur la roche, nous regardant les uns les autres. L’un des réguliers se mit à tracer sur le rocher avec un morceau de tuyau de pipe des blasphèmes et des invectives comme une sorte de testament et je dus le faire cesser. Tandis que je regardais, au fond de la vallée, la rivière couler et bouillonner, j’étais presque tenté de suivre le cipaye. Cela semblait attirant et désirable de dégringoler le long de la pente, avec au bas quelque chose à boire — ou, du moins, plus de soif du tout. Cependant, je me souvins à temps que je commandais le détachement et que mon devoir était de donner le bon exemple, et cela m’empêcha de commettre une sottise.

« C’est en pensant à cela qu’une idée me vint. Je me levai et examinai la tente et ses cordes, et je m’étonnai de n’y avoir pas pensé plus tôt. Puis j’allai jusqu’au bord de la falaise mesurer de l’œil la distance. Cette fois la hauteur me sembla plus