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l’homme volant

affirmer que la chose s’imposait et je n’avais pas alors la moindre idée de la façon dont l’imagination de ces gens la prendrait.

« Pas la moindre curiosité non plus. Je puis seulement invoquer que ce fut une indiscrétion et nullement la malice qui m’a fait remplacer le folk-lore par une nouvelle légende. Mais comme vous semblez chagriné, je vais essayer de vous expliquer l’affaire.

« C’était à l’époque de l’avant-dernière expédition contre les Lou-Chaï, et Walters croyait que ces gens que vous venez de visiter étaient animés pour nous d’intentions amicales ; aussi, avec une allègre confiance dans mes capacités à me tirer d’affaire, il m’envoya là-haut, dans la gorge, à vingt kilométrés d’ici, avec trois soldats européens, une douzaine de cipayes, deux mules et sa bénédiction, pour me rendre compte des sentiments populaires du village que vous avez visité. Une troupe forte de dix hommes sans compter les mules, vingt kilomètres à faire et en temps d’hostilité ! Vous avez vu la route ?

— La route ? — fit l’ethnologue.

— Elle est meilleure maintenant qu’elle ne l’était autrefois. Il nous fallut suivre le lit de la rivière pendant quinze cents mètres à l’endroit où la vallée se rétrécit. Il y avait un courant rapide qui écumait autour de nos genoux et roulait sur des pier-