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les pirates de la mer

rythmique du flot. M. Fison saisit la rame qui restait, donna un vigoureux coup ; puis, lâchant tout, il courut à l’avant et sauta. Il sentit son pied glisser sur le roc, et, dans un effort frénétique, il bondit encore jusqu’à la roche suivante. Il trébucha, tomba sur les genoux et se releva.

— Gare ! — cria quelqu’un, et un grand corps enveloppé de brun vint le frapper. Il s’étala à plat dans une grande flaque sous le poids de l’un des ouvriers qui l’avait suivi, et il entendit à ce moment des cris étouffés et déchirants qu’il crut alors venir de Hill, et il se rappela s’être étonné des sons variés, aigus et graves qu’avait la voix du malheureux homme. Quelqu’un sauta par-dessus lui, un flot courbe d’eau écumeuse s’abattit et passa. Tout trempé, il parvint à se remettre sur ses pieds et, sans regarder du côté de la mer, il courut vers le rivage aussi vite que sa terreur le lui permettait. Devant lui, sur l’espace uni, entre quelques rochers épars, les deux ouvriers s’enfuyaient à peu de distance l’un de l’autre.

Enfin, il jeta un regard par-dessus son épaule et, voyant qu’il n’était pas poursuivi, se retourna. Il fut tout étonné. Depuis le moment où les céphalopodes avaient entraîné Hill, il avait agi avec trop de rapidité pour comprendre ses actions. Il lui semblait maintenant qu’il venait de sortir soudain d’un mauvais rêve.