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les pirates de la mer

pussent vivre au sein de la mer profonde, inconnus de nous, et, comme nous, descendants du grand Thériomorphe de l’Age de la Terre Rouge.

« Ils doivent nous connaître cependant comme des créatures étranges et météoriques, accoutumées à dégringoler, accidentellement mortes, à travers les mystérieuses ténèbres de leur ciel liquide, et non seulement nous-mêmes, mais nos vaisseaux, nos métaux, nos appareils qui pleuvent incessamment dans leur nuit. Quelquefois des objets dans leur chute doivent les atteindre, les écraser comme par le jugement de quelque invisible pouvoir supérieur et parfois il doit leur en venir d’une rareté ou d’une utilité inappréciables, ou de formes suggestives et inspiratrices. On peut comprendre, jusqu’à un certain point, leur conduite à l’arrivée d’un homme vivant, si l’on pense à ce qu’un peuple barbare ferait à une créature brillante et auréolée qui descendrait soudain dans notre ciel.

« Elstead dut probablement compléter une fois ou l’autre aux officiers du Ptarmigan chaque détail de son étrange séjour de douze heures dans l’abîme. Il est certain aussi qu’il eut l’intention d’en rédiger le récit, mais qu’il ne le fit jamais. Et il nous faut donc malheureusement rassembler les fragments disjoints de son histoire d’après les souvenirs et les réminiscences du commandant Simmons,