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dans l’abîme

« Une curieuse impulsion fit allumer à Elstead sa lampe intérieure, de sorte qu’il devint visible à ces habitants de l’abîme et que cette clarté les fit immédiatement disparaître dans l’obscurité. À cette soudaine transformation, les cantiques firent place à un tumulte d’acclamations exultantes, et Elstead, préférant les observer, interrompit le courant et s’évanouit à leurs yeux. Mais, pendant un moment, il fut trop aveuglé pour percevoir ce qu’ils faisaient et quand enfin il put les distinguer, ils étaient de nouveau agenouillés. Ils continuèrent à l’adorer ainsi sans répit ni relâche pendant trois heures.

« Elstead fit un récit des plus circonstanciés de cette cité surprenante et de ces gens qui n’ont jamais vu ni soleil, ni lune, ni étoile, aucune végétation verte, ni aucune créature respirante, qui ne savent rien du feu, et ne connaissent d’autre lumière que la clarté phosphorescente d’organismes vivants.

« Si saisissante que soit son histoire, il est encore plus saisissant de trouver que des hommes de science aussi éminents que Adams et Jenkins n’y découvrent rien d’incroyable. Ils m’ont dit qu’ils ne voyaient aucune raison pour que des créatures vertébrées, intelligentes et respirant l’eau, accoutumées à une température très basse, à une pression énorme, et d’une structure si pesante que, vivants ou morts, ils ne peuvent flotter, que de tels êtres ne