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dans l’abîme

rayon de son foyer électrique éclairait et dans quoi apparaissaient de temps à autre des poissons et passaient quelques fragments d’objets qui s’enfonçaient. Tout cela disparaissait trop vite pour qu’il lui fût possible de distinguer ce que c’était. Une fois, il crut voir un requin. À ce moment, la sphère commença à s’échauffer par le frottement. Il lui parut que cette donnée n’avait pas été suffisamment évaluée. La première chose qu’il put remarquer fut qu’il transpirait ; puis il perçut sous ses pieds une sorte de sifflement qui s’accrut, et il vit une foule de petites bulles, de très petites bulles qui montaient en éventail vers la surface. De la vapeur !

« Il tâta le hublot : la vitre était brûlante. Immédiatement, il alluma la lampe électrique qui éclairait sa cabine, regarda la montre encastrée dans le capitonnage, et il vit que son voyage durait déjà depuis deux minutes. Il lui vint à l’esprit que le hublot pouvait craquer dans le conflit des températures, car il savait que les eaux dans les grandes profondeurs sont glaciales. Puis, tout à coup, la paroi de la sphère sembla presser le dessous de ses pieds ; au dehors la course des bulles se ralentit et le sifflement diminua. La sphère se balança légèrement. Le hublot n’avait pas craqué, rien n’avait cédé, et il savait que, dans tous les cas, le danger de couler bas était passé.