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dans l’abîme

la corde, s’il le fallait, et c’était tout. Ç’avait été la plus merveilleuse aventure.

— Vous pensiez, — dit-il, — que je ne trouverais rien que de la vase. Vous vous moquiez de mes explorations, et j’ai découvert un nouveau monde.

Il raconta son histoire par fragments sans suite, et presque toujours en commençant par la fin, de sorte qu’il est impossible de la répéter dans ses propres termes. Mais ce qui suit en est l’exacte narration.

« Son voyage commença atrocement. Avant que la corde fût entièrement filée, la sphère ne cessa de ballotter. Il eut la sensation d’être une grenouille enfermée dans un ballon sur lequel on s’acharne à coups de pieds. Il ne pouvait voir que la grue et le ciel au-dessus de sa tête, avec un coup d’œil occasionnel sur les gens qui garnissaient le bastingage, et il était incapable de prévoir de quel côté allait se balancer la sphère. Tantôt il levait le pied pour marcher et il était culbuté en tous sens contre les coussins. Toute autre forme eût été plus confortable, mais aucune n’aurait pu supporter l’immense pression de l’abîme. Soudain le balancement cessa ; la sphère se mit en équilibre, et, quand il fut relevé, il aperçut tout autour de lui le bleu verdâtre des flots avec la lumière du jour atténuée filtrant de la surface et une multitude de petites choses flottantes qui passaient vertigineusement