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un étrange phénomène

peu de temps il réussit à discerner clairement le réel de l’illusoire.

Tout d’abord, il se laissa aller sans feinte à sa joie, et fut seulement désireux de compléter sa guérison par un régime d’exercice et de fortifiants. Mais à mesure que s’évanouissait à ses yeux son île mystérieuse, il éprouvait pour elle un étrange intérêt. Il souhaitait tout particulièrement retourner au fond de la mer, et il passait la moitié de son temps à errer dans les bas-quartiers de Londres, essayant de retrouver l’épave engloutie qu’il avait vue s’enfoncer.

L’éclat du grand jour impressionna bientôt sa vue d’une façon si vive que toute image de son monde visionnaire finit par disparaître, et pourtant, la nuit, dans une chambre obscure, il pouvait encore voir les roches de l’île, tachées de blanc, et les pingouins balourds qui se dandinaient de ci et de là. Mais ces visions mêmes finirent par s’effacer peu à peu, et, quelque temps après son mariage avec ma sœur, il les vit pour la dernière fois.


V


Maintenant, voici le plus étrange de cette histoire. Environ deux ans après cette guérison, je dînais chez les Davidson, et, après le dîner, un ami, nommé