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les pirates de la mer

fixes et la bouche béante, passant et repassant à travers moi. Jamais encore je n’avais pu m’en imaginer de semblables. Au long de leurs formes couraient des lignes de feu comme si quelque crayon lumineux eût délimité leurs contours. Une chose hideuse avec une quantité de bras entrelacés passa, nageant à reculons, puis je vis venir très lentement vers moi du fond de l’ombre une masse confuse de lumière qui, en s’approchant, finit par se résoudre en une infinité de petits poissons qui se pressaient et s’acharnaient autour de quelque chose qui flottait. J’étais poussé droit vers cette chose et bientôt je pus distinguer, au milieu de cette confusion et à la lueur des poissons phosphorescents, un bout d’espar brisé qui se tendait au-dessus de moi et la coque sombre d’un navire ballotté deci delà avec des formes phosphorescentes secouées et tordues sous les morsures innombrables des poissons. Ce fut alors que j’essayai d’attirer l’attention d’Osler, tant l’horreur que j’éprouvais était violente. Si votre sœur n’était pas survenue, j’allais passer juste à travers ces… choses à demi dévorées. Figurez-vous, Bellows, de grands trous dans leur corps et… Mais, n’en parlons plus, c’était horrible.