Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
un étrange phénomène

Il tressaillit à ma voix, mais pas autant que la première fois. Je répétai mes derniers mots aussi clairement et fermement qu’il me fut possible de le faire.

— Bellows, — répondit-il, — est-ce vous ?

— Ne voyez-vous donc pas que c’est moi ?

— Je ne peux même pas me voir moi-même, — fit-il en riant. — Où diable sommes-nous ?

— Ici, — répondis-je, — dans le laboratoire.

— Le laboratoire ! — répéta-t-il d’un ton fort surpris et en portant la main à son front. — Oui, j’étais dans le laboratoire, jusqu’au moment où éclata ce coup de tonnerre, mais je veux bien être pendu si l’on m’y trouve encore. Quel est ce navire ?

— Il n’y a pas de navire, — dis-je, — soyez raisonnable, mon vieux.

— Pas de navire, — reprit-il, sans prendre garde à mon immédiat démenti. — Je suppose, — continua-t-il lentement, — que nous sommes morts tous deux. Mais le drôle de la chose c’est que je sens absolument comme si j’avais encore un corps. C’est un reste de vieille habitude, sans doute. Toute la boutique a été détruite par la foudre, probablement. Vite et propre, hein, Bellows ?

— Ne dites pas de bêtises. Vous êtes bien vivant et dans le laboratoire, en train de renverser tout. Vous venez de briser un électromètre et je ne voudrais pas être à votre place quand Boyce va arriver,