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l’étoile

dèrent l’étoile, virent un disque noir se glisser au travers de son rayonnement. C’était la lune, passant entre l’étoile et la terre. Au moment même où les hommes criaient vers Dieu pour ce répit, avec une étrange et inexplicable rapidité, dans l’Est monta le soleil ; alors, avec une affolante vélocité, étoile, soleil et lune se précipitèrent ensemble à travers les cieux.

Ce fut ainsi que bientôt, l’un derrière l’autre, se levèrent pour les Européens anxieux, l’étoile et le soleil. Ils se poursuivirent impétueusement pendant un moment, puis ralentirent leur course, et enfin s’arrêtèrent, confondus en un seul rayonnement de flamme au Zénith. La lune n’éclipsait plus l’étoile et se trouvait hors de vue dans la splendeur du ciel. Bien que ceux qui étaient encore en vie regardassent pour la plupart ce spectacle avec cette même stupidité que la faim, la fatigue, la chaleur et le désespoir engendrent, il y en eut quelques-uns qui purent saisir la signification de ces signes. L’Étoile et la Terre avaient été à leur plus grande proximité, avaient subi leurs communes perturbations et l’étoile avait passé. Déjà elle s’éloignait, de plus en plus rapide, dans la dernière phase de sa chute vertigineuse vers le soleil.

Alors les nuages se rassemblèrent, effaçant le ciel ; le tonnerre et les éclairs tissèrent leur vêtement autour du monde ; par toute la terre, il y eut