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les pirates de la mer

même ont illuminé ! » dit un flatteur. Sous le capricorne, deux amants nègres, affrontant par amour l’un de l’autre les bêtes sauvages et les esprits mauvais, s’étaient blottis dans un fourré de roseaux où voltigeaient les lucioles : « C’est notre étoile ! » murmuraient-ils, et ils se sentaient étrangement réconfortés par sa douce clarté.

Le Grand Mathématicien était assis devant son bureau et repoussait quelques papiers. Ses calculs étaient presque finis. Dans une petite fiole blanche restait encore un peu de la drogue qui l’avait tenu éveillé et actif pendant quatre longues nuits. Chaque jour, serein, clair, avec la même patience, il avait fait son cours à ses élèves, puis était immédiatement revenu à ses importants calculs. Son visage était grave, un peu tiré et hectique à cause de son activité facticement entretenue. Pendant, quelque temps il sembla perdu dans ses pensées. Soudain, il se leva, alla à la fenêtre et fît remonter le store. Au milieu du ciel, au-dessus de l’amas des toits, des cheminées et des clochers de la ville, roulait l’astre.

Il le regarda comme on regarde dans les yeux un ennemi courageux. « Tu peux me tuer, dit-il, après un silence ; mais je te tiens — toi et tout l’univers — dans l’étreinte de ce petit cerveau. Je ne changerais pas, même maintenant ! »

Ses regards rencontrèrent la petite fiole. « Il n’y