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en spectacle à Trianon, par vanité sotte, à la malignité des gens de cour. Bien loin de là. La reine allait chercher dans sa retraite de Trianon, loin de l’étiquette et de l’apparat, des distractions qui ne fussent pas, comme les pompes de Versailles, « un vain spectacle aux peuples de l’Asie ». Les représentations de Trianon ont été rares et espacées sur cinq années ; il n’y était admis qu’un public restreint, les princes et les princesses royales, les gens de service de la reine, quatre ou cinq personnes de son intimité. Ce n’étaient pas des galas ; les représentations finissaient à huit heures, et l’on pouvait se coucher à neuf. Comme ces mœurs étaient plus simples que celles de nos premières représentations ! On a aussi beaucoup exagéré les prodigalités théâtrales de madame de Pompadour. Faites le compte des dépenses à l’aide des chiffres recueillis par M. Jullien ; vous n’arriverez pas, tout compté, pour une période de six ans, à un total de trois millions cinq cent mille francs. — Mais, dit le marquis d’Argenson, pendant ce temps-là, on ne payait régulièrement ni les troupes ni les officiers publics ! — Cela prouve qu’on avait une bien mauvaise organisation financière, ou un ministre des finances bien médiocre ; ce qui peut arriver en tout temps. Cela ne prouve pas que le théâtre des Petits-Cabinets soit le gouffre où se sont englouties les finances du