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invoque toujours. Le volcan de Saint-Simon lance, avec les flammes sublimes, beaucoup de mauvaise fumée.

C’est un fort honnête homme que Jean-Louis-René, marquis d’Argenson, qui fut, pendant trois années, ministre des affaires étrangères un peu bien timoré et, pendant dix autres années, homme à vues un peu bien hardi. Mais cet homme à vues, quand il parle du train habituel de Versailles, de Louis XV, de madame de Pompadour, commence toujours par fermer sa fenêtre. Il juge de quantité de choses avec le rigorisme d’un bureaucrate très intègre, c’est entendu, très compétent, cela est certain, mais qui est persuadé, comme tout bon premier commis, que le monde doit tourner autour de son bureau et des règles de son bureau. Combien de ses réflexions, tout imprégnées de bonne conscience, sur madame de Pompadour, me font souvenir, malgré moi, que le peuple de Versailles l’avait surnommé sur sa mine « Argenson la Bête ! » Le théâtre des Petits-Cabinets lui a donné bien de la bile. Et que n’eût-il pas dit du théâtre de Trianon ! Il ne nous semble pas que les faits, assemblés et coordonnés par M. Jullien, justifient le déchaînement de sagesse et de probité bourgeoises dont la fantaisie de Trianon et celle des Petits-Cabinets ont été le prétexte.

Il n’est pas vrai que Marie-Antoinette se donnât