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mais des grammairiens et des prosodistes selon la formule Bernard Jullien ?

Je remue ces lointains souvenirs parce que le fils marche, après tout, sur les traces du père. De l’aïeul et du père au petit-fils et au fils, la race s’est affinée. M. Adolphe Jullien a changé de domaine ; il est artiste, et non plus scholar ; il est mêlé, par métier de feuilletoniste, aux choses mondaines et profanes ; il a la plume élégante et alerte. Il n’en est pas moins resté, pour la méthode critique, un vrai Jullien, un Jullien pur sang. Je ne lui en fais pas reproche, bien au contraire. Entre les cent manières possibles de concevoir et de pratiquer la critique, la plus anciennement connue est encore la plus immédiatement profitable pour le public, pour l’art, et surtout pour les auteurs, quoique ceux-ci l’aient fort en grippe. La critique dont je veux parler, la critique d’avant l’invention de la haute critique et de l’hypercritique, suppose qu’il y a un beau et un système du beau ; elle consiste à juger les œuvres et à en signaler les défauts et les qualités d’après des règles fixes qu’elle peut interpréter avec plus ou moins de largeur, mais qu’elle ne perd jamais de vue. On n’use plus guère maintenant de cette méthode pour décider de la valeur d’un livre ; on en use encore pour l’appréciation des œuvres théâtrales. C’est celle qu’a pratiquée, pendant un quart de