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n’était plus exclusivement, chez les peuples européens, la langue de la bonne compagnie et de la diplomatie ; elle avait été détrônée, dans chaque pays, par l’idiome national. D’autre part, la langue anglaise était devenue la langue reconnue, et, pour ainsi dire, officielle du commerce dans les deux hémisphères, les Échelles du Levant exceptées. Depuis les succès militaires des Allemands en 1870, notre langue a subi de nouveaux échecs, reçu de nouveaux coups. Rien ne réussit comme la victoire ; ses effets se ramifient dans toutes les directions et pendant une longue suite d’années. La victoire ne livre pas seulement au vainqueur un champ de bataille et des provinces ; elle étend le crédit de son commerce et le goût pour les produits de ses manufactures ; elle accroît l’autorité de ses écrivains et de ses artistes ; elle donne un essor sur le monde entier à ses idées et à ses formes d’esprit. L’Allemand et sa langue sont devenus beaucoup plus généralement et beaucoup plus profondément qu’ils ne l’étaient avant 1870 les interprètes, entre les peuples, des choses de la science et de l’érudition, quoiqu’ils ne méritent plus autant de l’être seuls. Depuis 1870, la langue italienne, s’insinuant et se glissant sous le couvert de la victoire allemande qu’elle exploite contre nous, dispute à notre langue dans le Levant la prérogative séculaire dont elle jouissait d’y être