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à autre, l’humour de bon aloi. C’est dans les Caprices de Diomède que M. Claudin met en présence un voyageur qui a fait le tour du monde, en long, en large et en biais ; un conducteur d’omnibus qui, à la fin de son existence, a parcouru sur sa plateforme, plus de kilomètres que le grand voyageur ; un pâtissier qui, durant cinquante ans, a vendu de la galette rue du Pas-de-la-Mule et n’a quitté un seul jour ni son échoppe ni son fourneau. Qu’arrive-t-il ? c’est le pâtissier qui, des trois, a vu et peut conter le plus de choses intéressantes. Conclusion bien consolante et profondément juste, à condition que le pâtissier ait du coup d’œil et de l’esprit naturel !

M. Claudin est comme ce marchand de galette du Pas-de-la-Mule. Il n’est presque jamais sorti du grand village, toujours en ébullition, qui est borné à l’ouest, par le café Durand, à l’est, par feu le café de Malte ; au sud, par les bureaux du Journal officiel ; au nord, par l’ancien Opéra. Il l’a bien regardé ; il en a joui avec vivacité et avec retenue et il en conte aujourd’hui les mémoires[1]. Son livre est un fouillis, mais animé et amusant qui fait repasser sous les yeux des gens de ma génération

  1. Mes Souvenirs. Les Boulevards de 1840 à 1871. Paris, Calmann Lévy, 1883.