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souffrirait pas non plus qu’on devînt vide et vulgaire, en étant rapide et à portée. M. Gustave Claudin a eu le talent de réussir auprès de lui. Critique dramatique, il lui sait parler, comme il convient, de Victor Hugo, de Molière, de Sophocle, adapter à une masse de lecteurs inégalement instruits les idées, les impressions et les notions émises, ressenties ou coordonnées pour de plus lettrés et de plus mondains par un Sainte-Beuve, un Saint-Victor, un Théophile Gautier. Chroniqueur, il sait donner des leçons de bon sens, avec un tout petit grain, pas trop violent, d’ironie et de paradoxe, décrire et conter les dessous de Paris sur le ton aisé d’une conversation de boulevard. La librairie Dentu a réuni en volume sous le titre général : Tarte à la crème, quelques-unes des chroniques de M. Claudin. Elles sont comme un prologue des Souvenirs que M. Claudin publie aujourd’hui. Lisez celles qui ont pour titre particulier les Maniaques, Ce qu’on dit dans les journaux, les Idées fixes d’Alexandre Dumas, vous aurez sa manière et sa mesure.

M. Claudin a eu aussi des loisirs pour la littérature romanesque. Naturellement, c’est le roman aisé qu’il a pratiqué. Pour se délasser, pour amuser l’immobilité d’une demi-journée de chemin de fer ou la solitude d’une matinée au coin du feu, rien ne vaut le genre agréable et cursif auquel appar-