Page:Weiss - À propos de théâtre, 1893.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des laquais, des vagabonds, des déclassés qui brisent leurs fers ou dont un empereur de légende les vient briser ; au fond du cachot, Guanhumara et des captifs de toutes nations ; sur la cime, Barberousse qui leur tend la main ; les deux termes où le siècle a abouti, chez nous, à deux reprises, la Commune et l’Empire.

Pas plus que le culte du peuple, le culte de Napoléon chez Victor Hugo ne s’est manifesté à un moment déterminé et spécial. Victor Hugo portait cette religion tissue dans la trame de ses fibres. C’est pure chimère de le supposer plus napoléonien après juillet 1830 qu’avant, comme c’est pure chimère de soutenir qu’il a été précipité dans les passions démocratiques par ses rancunes personnelles contre Louis Napoléon. Il n’y a qu’une chose qu’on pourrait dire : il n’était pas napoléonien de la même façon sous la monarchie de Juillet que sous le règne de la branche aînée. Après 1830, il voyait plus exclusivement dans Napoléon le grand faiseur d’épopées ; avant 1830, il y voyait plus distinctement l’usurpateur, le despote, le conquérant insatiable. Mais, dès la Restauration, l’hymne à Napoléon et la poésie napoléonienne ne demandaient chez lui qu’à déborder.

L’ode Bonaparte est du même temps que l’ode le Sacre ; elle l’a précédée.