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d’enfant et d’adolescent à côté des poèmes et des livres démocratiques de l’homme fait. »


Cette belle explication a le tort de reposer sur des faits inexacts et de ne rien expliquer du tout. Victor Hugo n’était plus ni enfant ni adolescent en 1825 lorsqu’il a chante le sacre de Charles X ; il avait vingt-trois ans ; c’est l’âge où un sous-lieutenant de Napoléon avait déjà pris Berlin, Vienne, et Moscou, où un Américain de nos jours a déjà fondé et liquidé deux ou trois maisons de commerce. D’autre part, Victor Hugo n’était pas encore un homme fait, ce qui s’appelle définitivement fait, en 1829, lorsqu’il a composé Hernani et Marion Delorme, deux œuvres d’un royalisme douteux et d’un aristocratisme au moins fort mélangé ; il avait vingt-sept ans ; c’est un âge où l’on serait excusable de continuer à chercher sa voie ; entre vingt-trois ans (le Sacre) et vingt-sept ans (Marion Delorme), il n’y a pas des abîmes d’années. La question d’âge est ici invoquée à tort pour une apologie hors de propos. Ce qui explique tout, radicalement et simplement, c’est que Victor Hugo n’est pas plus né aristocrate que royaliste. Il n’est pas né aristocrate, en ce sens qu’il descendrait, comme il l’a dit et comme il l’a cru, d’un certain Georges Hugo, capitaine des gardes du duc de Lorraine, anobli en 1531, père ou grand-père