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un détail expressif. Le Roman d’un jeune homme pauvre ennuya Compiègne. Seule, l’impératrice fut captivée ; elle pleura ; quand vint la scène de la tour, celle où le romanesque est le plus absurde, mais aussi de l’essor le plus fier, c’est là qu’elle fondit en larmes. Peut-être aussi à cette date de 1858, si près encore de l’année de son mariage, l’impératrice faisait-elle, sans se l’expliquer à elle-même, un retour inconscient sur le roman de sa propre vie, qui avait bien quelque rapport avec celui du gentilhomme pauvre, qui était seulement beaucoup plus beau et plus invraisemblable et qui cependant était réel.

Si M. Sardou fut, avec Scribe et Feuillet, parmi les auteurs qu’on représenta plusieurs fois à Compiègne, ce fut surtout par suite du bruit que ses pièces faisaient à Paris. Ses comédies n’étaient pas évidemment adaptées à l’état d’âme et d’imagination de l’impératrice. Il n’y eut que les deux actes aimables des Prés Saint-Gervais qui obtinrent un franc succès. « L’empereur et l’impératrice, dit M. Leveaux, s’amusèrent beaucoup. » Quant à Nos Intimes, aux Ganaches, à la Famille Benoîton surtout, non seulement on accueillit ces œuvres avec froideur dans la loge impériale, mais encore le mécontentement y fut vif. « Des observations, dit M. Leveaux, furent adressées à Bacciocchi. » Elles le furent, sans