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gnol Louis de Grenade, livre de dévotion fort répandu depuis un siècle parmi les gens pieux :


Le Guide des pêcheurs est encore un bon livre ;
C’est là qu’en peu de temps on apprend à bien vivre.


Qui parle ainsi ? Gorgibus, un bourgeois burlesque traçant à sa fille Célie un plan d’éducation ridicule. L’intention de Molière, ici, put rester inaperçue. Ce n’était qu’une pointe en passant. En 1663, dans l’École des femmes, c’est toute une scène où la religion et les points de foi jouent le plus singulier rôle. Arnolphe endoctrine Agnès. Il lui démontre que d’ouïr un blondin et de se laisser baiser les mains par lui

Est un péché mortel des plus gros qu’il se fasse.


Il ajoute :

Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu,
Et qu’il est aux enfers des chaudières bouillantes,
Où l’on plonge à jamais les femmes mal vivantes.
Ce que je vous dis là ne sont point des chansons.


Puis Arnolphe tire de sa poche le livre, le seul livre dont Agnès doive faire ses délices. L’ouvrage, nos lecteurs se le rappellent, est intitulé : les Maximes du mariage ou les Devoirs de la femme mariée avec