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Prenez ensuite tout ce qu’il y a de plus plaisant dans Regnard ; vous n’en trouverez pas trace dans Plaute. C’est ainsi que les maîtres de notre littérature classique reflètent les Grecs, les Latins, les Espagnols, en cessant de leur ressembler.

Mais, au lieu de disserter sur Regnard, combien ne vaut-il pas mieux en jouir ! Je crois qu’il se moquerait bien de nos dissertations. Lisez les Ménechmes et voyez-les, si on les rejoue. Cette pièce si charmante et si en verve des Ménechmes, créée d’après Molière bien plus que d’après Plaute, ne vaut pas, il s’en faut, le Légataire, le Distrait, le Joueur, les Folies amoureuses, le Retour imprévu ; c’est le plus pâle enfant de la veine de Regnard ; et comme il a encore les couleurs fraîches et vives ! Rien de plus étincelant que la scène où cet effronté de chevalier conte à Araminte son rêve amoureux.


Vous aviez de Vénus et l’habit et la mine ;
Cent mille amours poussaient une conque marine…


Rien de plus à peindre que ce bon M. Coquelet, le tailleur-marguillier, quand il présente à Ménechme ahuri sa petite note, pour laquelle il a dû attendre la fin de la guerre :


De mon petit devoir humblement je m’acquitte…
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