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roïne de la pièce. S’il faut en croire M. Vitu, nous avons failli avoir mademoiselle Favart dans Bérénice au temps où M. Édouard Thierry dirigeait le Théâtre-Français. Mademoiselle Favart eût été plus appropriée que Rachel au rôle de Bérénice. Dans le moment que M. Édouard Thierry songeait à elle, elle avait atteint son épanouissement ; c’est l’heure où elle fut si touchante, si passionnée et si belle dans Julie de M. Feuillet et dans Paul Forestier de M. Émile Augier. D’après M. Vitu, le rôle de Titus était destiné à M. Brossant, et celui d’Anthiocus à M. Delaunay, plus jeune alors de quinze ans qu’il ne l’est aujourd’hui. Le récit d’Antiochus, dit par M. Delaunay ! Favart jetant le cri :


Arrêtez, arrêtez, prince trop généreux !


Je ne sais pour quelle cause nous avons manqué ce ravissement. La représentation du lundi à l’Odéon nous a été du moins une consolation, et, à beaucoup d’égards, une brillante réparation. Je vous le dis, en vérité : si les lundis de l’Odéon se continuent toujours de la façon qu’ils sont engagés, il faudra proclamer qu’ils sont la première institution littéraire et la première institution pédagogique de notre pays. Il n’est plus que là que la jeunesse bourgeoise et le peuple se nourrissent en-