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Mais je peux dire : Si je n’y assistais pas ? Le 11 février 1829, j’étais en rade de Navarin, comme membre de la commission de Morée, et, si l’on me demandait des preuves à l’appui je montrerais une charmante lettre de ma sœur[1], que je recevais en Grèce et qui me disait en post-scriptum :

« Je finis par une grande nouvelle. Henri III a été représenté avec un succès fou. Notre oncle Alexandre était furieux, parce que, le jour de la première représentation, se promenant dans les couloirs avec Népomucène Lemercier, des jeunes gens qui passaient près d’eux disaient en les arrêtant : Melpomème et Thalie enfoncées ! »

» Me voilà sur ce point, j’espère, tout à fait absous. Quant au cri : Mort aux académiciens ! c’est une histoire assez comique. Si cela ne vous ennuie pas, la voici :

» Un soir, à Hernani — oh ! là, par exemple, je ne manquais pas une seule représentation — j’étais avec un de mes amis dans le coin du parterre, près de l’orchestre. Nous voyons entrer mon oncle Alexandre, dont la vue était fort basse. Il passa près de nous sans nous reconnaître. L’idée nous vint, gaminerie de notre âge, de murmurer d’une

  1. Madame Guyet-Desfontaines.